bleu

23 juin. Camariñas-Poza de Fóra
(17km/+315m/-303m).
Une femme douce et joyeuse prépare à la minute des petits déjeuners de rêve dans la cuisine-salle à manger-salon de notre hôtel. Elle concocte une merveille après l'autre avec un calme olympien. Le meilleur jus d'orange, pressé à la main avec amour. Un yaourt artisanal avec plein de fruits coupés juste maintenant. Elle nous conseille le pan con tomate avec jambon espagnol, ses yeux brillent quand elle nous dit combien il est délicieux. C'est vrai.

Nous avons entendu de la musique pendant la nuit, elle y était : c'était le concert préliminaire à la San Juan, la Saint Jean, qui sera fêtée ce soir en allumant de grand feux. De plus petits permettront à ceux qui sauteront au-dessus de laisser derrière eux le mauvais et d'accueillir tout le bon associé à l'arrivée de l'été - soleil et chaleur. En partant nous voyons sur la plage ce qui brûlera ce soir: un avion de guerre en carton sur une montagne de palettes. Il fera chaud !


Rapidement, il est clair que nous sommes passés du vert au bleu. L'eau est omniprésente. D'abord celle de la baie pleine d'échancrures qui va de Camariñas à Muxia, qu'il nous faudra deux jours pour parcourir. Puis celle des nombreux fleuves qui interrompent la côte pour se déverser dans l'océan, et que nous devrons franchir à l'aide d'un pont parfois bien loin placé.



Nous retrouvons les forêts d'eucalyptus tapissées de fougères, les alignements de pins. Mais maintenant à chaque fenêtre dans la verdure le regard se porte au loin sur l'immensité bleue. Et de temps en temps une petite plage déserte permet de mettre les pieds - ou plus - dans l'eau. Quelle chance, nous retrouvons la criste marine découverte en Corse l'an passé, que nous cueillons avec reconnaissance pour faire une délicieuse salade - pratique d'avoir toute sa cuisine sur le dos !


Dans ces endroits de rêve, les déchets font particulièrement mal au cœur. Une nace abandonnée sera aujourd'hui notre poubelle providentielle... permettant de récupérer 2 chaussures provenant de paires différentes, 4 chaussettes dont 2 formant une paire, un morceau de ciré, une capote usagée, plusieurs lingettes hygiéniques, un nombre impressionnant de paquets de cigarettes...

Les horreos, fameux greniers typiques, nous accompagnent encore. Ici ils servent aussi à sécher le poisson. Et souvent nous sommes soulagés de trouver une belle fontaine de laquelle jaillit une eau de source fraîche et délicieuse. Joie de pouvoir se désaltérer sans devoir porter trop d'eau !


Après avoir suivi longtemps l'échancrure qui nous permet de traverser le Rio Grande à Ponte do Porto, nous atteignons le magnifique hameau de Cereixo.

Un joli chemin de bois serpente entre l'ancien moulin, le château et l'église dédiée à Saint Jacques car elle jouxtait un hospital destiné aux pèlerins. Un chêne centenaire complète le tableau.








Encore quelques pas et nous atteignons une petite plage discrète repérée depuis l'autre rive. Nous y installerons notre maison ce soir, non sans avoir consulté les heures et hauteurs des prochaines marées, prudemment téléchargées par Hamid.



Nous nous endormons seuls au monde alors que les feux d'artifices de la San Juan pétaradent au loin.