bouchots

La Maison de la Baie - Plage de Béliard - (12km/+180/-180m)

Réveil sous le ciel bleu, le vert est éclatant, les nuages moutonnent gentiment. Nous quittons guillerets la petite terrasse de palettes un peu délabrée sur laquelle nous avons dégusté notre porridge matinal.



Un dernier regard sur notre chemin d'hier avant de passer le cap et de découvrir la baie suivante.


Le sentier s'éloigne parfois un peu du bord de mer, il longe alors de beaux champs de blé murs, et laisse apparaître un hameau.


Retour à la baie avec ses camaïeux infinis dont on ne se lasse pas. Mais attention algues vertes ! Des panneaux indiquent que leur accumulation et leur putréfaction au soleil dégage un dangereux gaz souffré. Nous remarquons parfois cette odeur - dorénavant nous prendrons soin de les éviter. Les locaux parlent à leur sujet d'un joggeur décédé, ainsi qu'un cheval et une dizaine de sangliers venus en horde sur la plage... Tout ceci il y a plusieurs années heureusement. Une gardienne de la réserve naturelle, croisée sur le chemin lors de ses observations à la jumelle des activités humaines (après les oiseaux en début de matinée), nous apprend que ces algues sont pourtant une nourriture essentielle pour les oies bernaches durant leur hivernage dans la baie de St Brieuc toute proche. Mais elles prolifèrent depuis quelques années en raison du nombre croissant d'élevages de porcs dans la région, dont les déjections favorisent le développement. Un sujet plutôt tendu et tabou dans le coin, nous dit-on.



Ce problème n'a aucun impact sur la mytiliculture, qui apparaît comme par magie au milieu de la baie lorsque la marée descend, sans aucune trace visible auparavant. Des alignements de bouchots, pieux de bois couverts de moules qui grossisent doucement, et des amphibiens, gros chaluts à roulettes qui avancent lentement sur le sable puis naviguent en flottant entre les bouchots.


Un petit creux nous pousse tout au fond de la baie, là où l'un des mytiliculteurs a ouvert un bar à moules-frites. Un homme d'une soixantaine d'années coache un jeune dans la vingtaine. Tous deux s'affairent maladroitement pour nous servir, ils sont arrivés depuis peu, fuyant la région parisienne. Quel contraste avec cet endroit perdu... Des affiches évoquent la famille qui a elle aussi émmigré de Charentes pour amener ici la mytiliculture. C'était avant la modernisation actuelle. Je la constate en allant aux toilettes, qui sont directement dans l'entrepôt où les moules du jour, dans d'immenses bacs, sont rincées sous de grands jets d'eau, avant d'être traitées aux UV en passant sur de grands tapis roulants.


L'après-midi est chaud, le soleil tape. Pour passer de l'autre côté de la baie, nous devons aller traverser le pont Roland, en remontant la rivière sur plusieurs kilomètres. L'eau est brunâtre, des amas d'algues vertes y flottent, ce bout du trajet nous semble bien long. Enfin nous retrouvons la baie, où un couple se passe fiévreusement des jumelles. Ils observent un phoque, qui prend le soleil sur un banc de sable. Nous admirons avec eux ses ondulements un peu gauches. Il y en a 3 dans la baie, qui ont leurs petites habitudes...

Nos 4 bouteilles d'eau sont vides et nous avons bien soif. Il nous en faudrait aussi pour cuisiner ce soir... Peut-être y a-t-il un robinet à la chapelle Saint Maurice ? Nous montons la colline et sommes accueillis par Lucette qui attend ses amis le verre à la main pour le vernissage de son exposition de peintures. Elle est vite accaparée par une journaliste qui veut la photographier. Nous discutons un brin avec un homme au regard bleu lumineux, membre de l'association qui a rénové cette chapelle alors qu'elle tombait en ruine. Il a travaillé comme plombier-chauffagiste dans le coin, bon business car, il n'y a pas si lomgtemps, seuls les châteaux et manoirs étaient chauffés. Il nous confirme qu'il n'y a pas d'eau ici, nous conseille de demander dans les maisons voisines. En effet un homme accepte avec le sourire de remplir nos 6 litres.


Nous sommes prêts pour passer la nuit. Encore quelques pas dans les beaux chemins creux, et nous apercevons la petite plage repérée pour passer la nuit.


Nous arrivons assez tôt pour monter la tente et profiter tranquillement du coucher de soleil.

