civilisatión
17 juin. Vilar de Cas-Lugo (16km/+267m/-316m).
Petit matin fidèle à ce qui devient une habitude: départ sous une fine bruine, dans un charmant chemin creux bordé de verdure luxuriante... Nous prenons la variante qui mène à un ancien hospital, saluons au passage un très digne châtaigner de 350 ans.
D'autres entourent cette ancienne église désormais abandonnée au milieu de ruines d'autres bâtiments, qui rayonne d'une vie de prière passée. L'intérieur invite à une pause contemplative, quel dommage que la porte soit fermée... Nous apprécions l'extérieur.
Des murets faits de gros blocs de granit bordent le chemin, guidant fidèlement les pèlerins depuis des centaines d'années.
Et soudain nous retrouvons l'asphalte, certes entre une forêt de pins et une autre d'eucalyptus... mais la civilisation approche ! Nous avons d'ailleurs réservé un appartement sur Airbnb, tout près de la cathédrale de Lugo, et sentons venir une certaine détente à l'idée d'un peu de sédentarité confortable.
Le hameau de Gondar attire nos regards avec ses belles maisons anciennes sobrement restaurées. Nous prenons le temps d'explorer ses ruelles.
Un peu plus loin, un homme nous interpelle depuis un pré au bord de la route où il a installé quelques sièges taillés dans des troncs de châtaigners, pour nous offrir de fines tranches de pastèque et de melon espagnol. Nous dégustons avec reconnaissance ces délices frais et sucrés, ainsi que l'occasion d'une petite pause. C'est un donativo - chacun donne ce qu'il veut/peut.
Le chemin est maintenant souvent bordé de fines dalles de granit, derrière lesquelles batifolent les habituelles vaches, mais aussi pour une fois des moutons.
Les routes et les maisons se densifient en approchant de la ville, et nous faisons nos trouvailles les plus inédites en ramassant comme à l'accoutumée ce que d'autres pèlerins ont laissé tomber le long du chemin: ici une semelle de chaussure, là une fermeture éclair. Une série de plus d'une vingtaine de papiers emballant des bonbons à la menthe semble voir été semée assez méthodiquement sur quelques centaines de mètres, peut-être un lointain descendant du petit poucet? Ces détritus originaux rejoignent des dizaines de canettes ou bouteilles, des centaines d'emballages de barres de céréales, chips, médicaments, pansements, etc. et probablement un millier de mouchoirs en papier, lingettes ou morceaux de papier toilette.
Nous avons commencé notre activité de nettoyage du chemin après la première étape sortant d'Oviedo, tristes de voir tant de restes de passage ternir ces paysages charmants. Il faut juste porter un sac plastique à la main, se baisser régulièrement, se laver les mains plus souvent, et ça fait plaisir de voir le chemin redevenu propre.
Voilà, nous sommes à Lugo, à la borne indiquant qu'il ne reste plus que 100 km jusqu'à Santiago !!! Oviedo semble si loin, couverte de tant de couches d'impressions... et nous avons le sentiment d'être en route depuis longtemps ! Une petite pensée pour nos soucis de travail qui semblent si dérisoires vus d'ici...
L'appartement est superbe, réellement juste à côté de la belle cathédrale de Lugo, Nous nous installons avec délice pour deux jours de repos bienvenus !