enchanté
12 juin. Montefurado-Vistalegre (22km/+834m/-1460m).
Réveil gris et frisquet, une minuscule bruine nous débarbouille. Nous nous préparons un bon porridge bien chaud à l'abri sous l'auvent de la chapelle, sous l'oeil attentif de divers petits oiseaux peu farouches qui remplissent le doux silence ambiant de leurs mélodies. BirdNet nous aide à les identifier...
Gouttes d'eau matinales sur la toile de notre petite maison et l'un des petits visiteurs en tenue d'apparat
Les premiers pèlerins arrivent sur le chemin qui passe juste à côté de la chapelle, nous échangeons des "Ola, buen camino" avec certains, d'autres ont le nez rivé sur leurs chaussures et ne nous voient même pas! D'autre encore nous prennent pour les gardiens de la chapelle et nous demandent si nous avons un tampon pour leur crédenciale. Des pèlerins asiatiques, voyant Hamid remettre sur le muret une pierre "empruntée" la veille pour nous servir de siège, pensent même qu'il travaille à sa réfection ! Et soudain apparaît Andrea, une américaine avec qui nous avons longuement discuté il y a trois jours - nous poursuivons avec joie.
Nous décollons finalement, un "graffiti" nous invite à la légèreté, le ciel s'éclaircit, les pieds avancent tout seuls et le regard s'arrête sur les tableaux qui défilent.
Les anciennes chapelles continuent à ponctuer le chemin. Derrière celle-ci se cache un if centenaire qui dégage une puissance fascinante - nous restons de longues minutes en contemplation.
Eglise Santa Maria de Lago
Le chemin s'élève doucement avec de superbes vues sur les collines boisées, et nous devinons au loin la crête hérissée d'éolienne que nous rejoindrons bientôt. Avant ça, nous trouvons un beau pré fleuri pour déguster les fromages locaux, sous un soleil enfin généreux.
Au village suivant, 100 km déjà parcourus, un tiers du chemin ! La montre de Hamid l'atteste... Pour l'instant aucune douleur ne nous le fait sentir, gratitude.
La pierre est de plus en plus présente dans les constructions qui semblent prêtes à défier quelques siècles de plus. Ce village compte aussi un café qui nous invite à une petite pause de plus, même s'il est déjà 17h. Les autres pèlerins y sont installés en sandales et vêtements propres, fêtant bière à la main la fin de leur journée de marche. Nous aurons les chemins pour nous seuls, joie!
Nous atteignons la crête aux éoliennes. Elle est effectivement balayée par de belles rafales qui font onduler les prés aux hautes graminées et nous donne le sentiment de voler...
Un peu plus loin, une ancienne chapelle veille sur la vallée au fond de laquelle nous attend une petite pension.
Capilla Santa Marina de Buspol
850 mètres de descente en direction du lac de Salime pour atteindre la forêt enchantée, pleine de vieux châtaigners dont les branches moussues forment des voûtes au-dessus de notre chemin.
Nous franchissons le barrage pour arriver fourbus mais ravis à l'hôtel Mirador del Embalse de Salime. Un homme très avenant nous accueille sans sourciller face à notre arrivée tardive, puis nous sert une "ensaladita" gargantuesque, suivie d'un filet de merlan cuit à la perfection, et d'un flan à la liqueur locale. Journée enchanteresse !