fantômes

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11 juin. El Espin-Montefurado (24km/+1148m/-817m).

Après une nuit tranquille dans le jardin de Silvia, on se prépare pour l'étape de Montagne, 7.5 litres d'eau et des vivres pour deux jours. On espère pouvoir bivouaquer près du sommet pour profiter de l'endroit.

La montée est superbe! Au passage on admire un taureau beau, massif, paisible. On se demande comment il a pu déveloper autant de muscle seulement en broutant.

Envie de devenir matador? Mmmmh...

Nous continuons pour atteindre la partie plus haute de la montagne.

Nous apprendrons plus tard qu'elle est un bien commun des éleveurs aux alentours. On y trouve des troupeaux de vaches et chevaux en liberté sur un immense territoire. Nous contournons les vaches (vraies bêtes à cornes, pas comme chez nous!), les taureaux (vrais musclors à cornes aussi) à plus grande distance encore...pas envie de titiller les protecteurs du troupeau, pas de vocation de matador aujourd'hui!

Les chevaux nous inspire plus confiance, leurs progénitures en peluche galopent joyeusement aux alentours.

Poulain cabriolant dans le vent
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Malheureusement, le vent pousse l'air vers le haut des montagnes, il se condense et forme des nuages épais. Plus on monte, plus les nuages nous entourent. Bientôt tout ce petit monde devient plus mystérieux et fantômatique. On imagine des formes, les sons prenent plus d'importance, on entend des meuglements, des hennissements...

C'est très beau mais il y a du vent, 100% d'humidité et il fait froid: plutôt que de nous attarder ici, nous continuons à descendre pour échapper au vent et aux nuages.

Un peu plus loin, sorti de la brume, Claudio, un grand gaillard italo-autrichien, souriant, avec un regard doux. Lui et nous sommes tout étonnés de rencontrer quelqu'un! Le courant passe: nous continuons la descente ensemble.

Peu après, toujours dans les nuages mais à l'abri du vent derrière une petite cabane fermée, nous partageons ce que nous avons à grignoter pour prendre des forces: pain, chocolats, olives, biscuits aux oranges sortent de nos trois sacs.

En papotant dans les nuages, nous descendons, descendons, descendons... Sandrine a repéré sur google un ancien petit village - Montefurado - où nous pourrions, peut-être, passer la nuit. Nos yeux scrutent les nuages qui nous enveloppent à la recherche du pueblito.

Soudain, comme par miracle, nous passons sous les nuages, le paysage se révèle et ... nous apercevons le village. Soulagement. Le village est désert et magnifique. Nous trouvons un sol doux, herbeux, plat, juste devant une petite chapelle. De plus elle offre un abri contre le vent et la pluie: nous sommes enfin arrivé!

Claudio trouve une place pour sa tente un peu plus loin dans le pueblito. Nous faisons un couscous avec plein de légumes, sortis de nos sac et de celui de Claudio.

Belle soirée autour de ce ravigotant repas. Claudio nous parle de sa passion pour la montagne et l'escalade, de ses deux accidents graves, de ses 5 vertèbres désormais soudées et sa perception du destin qui maintenant le conduit à marcher, marcher, marcher...Miraculeusement, même avec un gros sac, il n'a jamais mal au dos en marchant. Il marche comme il a envie, sans planification des étapes, tout comme nous, mais à la mesure de ses grandes guiboles: environ 40 km par jour (nous calculons qu'avec nos petites jambes, en faisant le même nombre de pas, nous faisons 20 km, alors c'est bien!)

Après cette journée intense, il est infiniment doux de se glisser dans les fines et douillettes plumes d'oies de nos sac de couchages. Le silence nous cueille, la nuit nous enveloppe, les paupières tombent...

Bonne nuit.