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Île de Renote - Sept îles - Port Blanc (22km / 5h)

Aujourd'hui c'est le grand jour: navigation en pleine mer jusqu'aux Sept Îles. Hier soir, Yohan nous a briefés. La météo est parfaite: léger vent, presque pas de mer (vagues crées par le vent local immédiat) ni de houle (ondulations laissées par du vent passé ou lointain). Nous partirons à l'étale et à marée basse. Pas de courant à l'aller. Nous pourrons accoster à l'île aux Moines pour manger. Puis l'île de Rouzic, pour finir à Port Blanc, d'une traite sans mettre pied à terre. L'île de Rouzic étant un sanctuaire pour les oiseaux marins, nous ne sommes pas autorisés à débarquer. Environ 5 heures de navigation.

Personne ne dit rien. Peut-être un peu impressionnés par l'inconnu d'une si longue navigation. Jean, notre bout-en-train de 78 ans, dit: wonderful! Elle a déjà fait ce parcours plusieurs fois et se réjouit à chaque fois. La dernière fois la météo n'était pas idéale, elle a chaviré 4 fois... Cinq heures sans pause? No problem, I'll just drink less.

Bye bye notre hôtel aux milles étoiles

Cap au nord toute! L'île aux Moines nous attends 5 km au large.

La petite troupe progresse sans peine, certains en papotant. On se sent petit au milieu de cette immensité liquide, ondulante, bleu profond.

Après 1 heure nous accostons sur l'île aux Moines. Il y a une petite plage avec des rochers tapissés d'algues vert pétant, du sable blanc.

Après une courte pause agrémentée d'un peu de pain-confiture-pâté, nous repartons en direction de l'île de Rouzic. 4 km environ vers l'est.

On aperçoit au loin l'île de Rouzic. On avance, on avance... en kayak, comme à pied, la vitesse permet de s'approcher doucement pour capter tous les détails et intégrer les changements.

Une partie de l'île est blanche comme la neige. En s'approchant on voit des flocons qui tournoyent dans le ciel. Tout ce blanc immaculé. Ce sont des fous de Bassans. Merveilleux oiseaux fins et planants. En plus du vol, ils maîtrisent parfaitement l'art du plongeon pour pêcher des petits poissons.

L'île abrite une immense colonie de ces oiseaux.

On est tout émerveillés de les voir spiraler en groupe. Parfois un fou isolé patrouille au-dessus de nous. On voit son bec pointé vers le bas pour observer la surface.

Nous restons un moment là à admirer. Mais on ne peut pas trop s'approcher et il est temps de reprendre la navigation. Route plein sud, le courant de la marée montante nous fera dériver vers l'est en direction de Port Blanc.

Il y a une petite houle qui berce notre petit groupe. Elle imprime un mouvement alternatif, tantôt on accélère en descendant, tantôt on décélère en montant. C'est beau, calme et invite à la méditation. D'ailleurs personne ne parle...

Soudain, Yohan nous fait signe de nous regrouper autour lui. Juste devant nous l'océan n'est qu'un chaos de vagues. Il a décidé de nous sortir de notre paisible méditation! Yohan nous expliquera plus tard qu'il s'agit d'une zone de cisaillement, avec 2 courants qui se rencontrent. Cela lève des vagues. Pour l'instant, on doit tous pagayer fort et se battre un peu pour garder l'équilibre. Une vague plus grosse, environ 1m de haut, s'écrase sur moi depuis le côté. Heureusement nos bâteaux sont très stables. Tout le monde se défend bien dans ce chaos. Finalement, après de longues minutes, l'océan retrouve sa placidité. Ouf, tout le monde va bien.

On continue notre route. Notre lieu d'arrivée s'approche. On distingue déjà les deux amers blancs de Port Blanc.

Plus tard, alors qu'on se croyait tout proches, Yohan nous explique que, quand on voit les maisons, on est à 5km. Les fenêtre des maisons, 1km.

Finalement, nous arrivons à Port Blanc avec presqu'une heure d'avance. On va installer le bivouac sur l'île des Femmes.

L'île est entouré de gros galets entassés là par les tempêtes. Cela forme comme un rempart très raide, le centre de l'île est plat avec quelques pins et une belle surface herbeuse.

On est heureux d'être arrivés! A peine débarquée, Jean, comme à son habitude, part avec ses sacs étanches pour s'installer et manger. On range les bâteaux, on papote. Soudain Yohan est inquiet car il voit Jean allongée dans les herbes hautes. Il court vers elle et l'appelle. Elle se réveille en lui souriant. All good, I just needed to sleep a few minutes. Ouf!

Impressionnante Jean! Elle sait exactement ce dont elle a besoin, optimise ses moindres mouvements et est complètement autonome avec sa nourriture lyophilisée. Sur l'eau elle se place toujours parfaitement dans les courants et semble pagailler tout doucement mais il ne faut pas traîner pour la suivre... on apprend qu'elle fait aussi de la voile, du ski... Impressive Jean! Hat down!

On a mérité un bon bain... un bon repas et une bonne nuit!

Quelle journée incroyable!