Morbic

Morbic
Bréhat depuis l'île de Morbic

Loguivy de la Mer - Morbic (10km)

Lundi matin, J1 de notre stage, rdv devant la gare de Paimpol à 9h30. Nous sommes en avance, il y a déjà 2 personnes qui discutent autour d'une pagaie en bois. C'est là. D'autres nous rejoignent. Nous sommes 8 participants : Nevena et Vladimir, un couple dans la 50aine venant de Serbie, Jean (prononcer comme le pantalon), une anglaise de 78 ans, David, un Breton dans la quarantaine vivant à Vienne avec une femme Ukrainienne, Benjamin, à peu près du même âge, vivant à Lyon, Patricia, une Bretonne d'environ 55 ans exilée à Grenoble, et nous deux.

Nous voyons une fumée noire et allons regarder ce qu'il se passe : l'ancienne locomotive au charbon et ses wagons ont été remis en circulation. Le ciel se dégage de plus en plus, ce qui nous remplit d'espoir car la météo annonçait beaucoup de pluie et de vent. Heureusement, en Bretagne le temps change très vite.

Yohan, jeune homme musclé et bronzé de 30 ans, avec un parfait look de moniteur, arrive avec un peu de retard en nous invitant à aller ensemble au bus. Nous repérons vite la remorque pleine de kayaks colorés. Le bus est déjà bien rempli avec le matériel et la nourriture pour une semaine. Nous nous entassons avec nos sacs sur le genoux. Heureusement nous n'allons pas loin. La météo étant très mauvaise pour les 2 prochains jours, Yohan a décidé de changer le programme : d'abord 2 jours à Bréhat qui est plus abrité et demande une moins longue navigation, ensuite les Sept îles pour lesquelles il faut pagayer longtemps en mer ouverte. Nous apprécions sa flexibilité et son souci de nous épargner des conditions trop dures !

Vue d'ensemble avec les Sept îles à gauche et l'archipel de Bréhat à droite

Arrivés à Loguivy de la Mer, nous déchargeons les kayaks sur une cale et préparons tout le matériel. Chaque kayak a 4 compartiments "étanches" : 2 grands pour nos affaires personnelles y compris la tente, un moyen pour la nourriture commune, et un tout petit pour les choses dont on a besoin pendant la navigation - pour moi un chapeau et des dattes. Tout ce qu'on met à l'intérieur est emballé dans des sacs étanches par sécurité. Miraculeusement la nourriture pour 9 personnes durant 6 jours rentre entièrement. Nous sommes responsables des légumes - afin de pouvoir retrouver assez rapidement les ingrédients nécessaires à la cuisine chaque jour chacun a sa spécialité. David détient le petit déjeuner, Benjamin les desserts... Et les 5 bidons d'eau de 5l chacun trouvent une place au fond de nos cockpits derrière les cales-pieds. Pour les autres, ce sera plutôt la bombonne de gaz. Après 2h nous sommes enfin prêts. Entre temps les nuages se sont multipliés mais il ne pleut pas.

Avant de partir, nous mangeons une copieuse salade de riz avec divers délicieux légumes que Yohan a pris soin d'acheter à la Biocoop. Nous apprécions ! Une rapide "vaisselle" dans l'eau du petit port et nous montons dans nos kayaks, à la fois excités et un peu anxieux de découvrir ce nouvel univers. Tous les autres sont plus expérimentés, mais l'atmosphère est bienveillante. Cap sur l'archipel de Bréhat avec l'aide du courant qui nous pousse.

Fucus vésiculeux

Les kayaks glissent facilement et nous rejoignons vite la Chambre, couloir protégé par l'île de Bréhat à l'ouest et celles de Logodec et Lavrec à l'est. La marée est plutôt basse et découvre les algues à flotteurs - fucus vésiculeux - qui "chatouillent" la coque de notre bâteau avec un délicat chuchotement. Nous explorons à la queue-leu-leu les beaux rivages des îles mêlant blocs de granit rose, pins, petites plages, belles maisons et même salicorne.

Devant un tapis de salicorne

Après 10 km de navigation qui nous auront pris 2h40, nous accostons sur la petite île de Morbic où nous dormirons cette nuit. Nous montons assez haut les kayaks pour qu'ils soient inaccessibles aux vagues à marée haute, nous étalons nos "long john" - la combinaison néoprène sans manches qui nous tient chaud - et nos coupe-vents pour tenter de les faire sécher, et nous installons notre campement dans un confortable petit pré surélevé.

La vue depuis "notre" île est magnifique malgré le ciel gris. Nous bravons le vent fort et frais pour nous installer un peu en hauteur et l'admirer. Un brin fatigués par tant de nouveautés, nous reprenons des forces en partageant un Kouign Amann - gâteau breton particulièrement réconfortant, composé de beaucoup de beurre et de sucre.

Il est l'heure de préparer à manger, ce soir ce sera risotto aux poireaux. Tout le monde met la main à la pâte pour aller chercher les ingrédients dans les différents kayaks - qui a le parmesan ?, couper les légumes au couteau suisse ou à l'Opinel, touiller le riz qui cuit sur le réchaud à gaz. Nous avons encore une burrata bio que nous n'avons finalement pas mangée avant le départ. Elle va enrichir un peu le plat pour le grand plaisir de tous ! C'est prêt, chacun sort sa gamelle et se régale assis sur une grosse pierre ou par terre. Repus, nous sommes prêts pour une bonne nuit sur l'herbe moelleuse.