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15 juin. A Fonsagrada-Paradavella (15km/+429m/-93m).

Nuit paisible sur un petit camping parfaitement désert - même le propriétaire a juste laissé la clé sur la porte avec un petit mot "de retour dans 30 min" - qui ont duré plus d'heures que notre séjour ! Après avoir fait sécher notre tente dans la fraîche brise matinale - quelle bonne idée d'avoir pris nos petites doudounes ! - nous remontons les 2 km qui nous séparent du village pour aller prendre le petit déjeuner dans une jolie boulangerie.

"Balcon-véranda" typiques de la région

Et nous croisons... un marché ! C'est samedi aujourd'hui, nous nous sentons à la maison... Peu de maraîchers, beaucoup de vêtements, mais nous trouvons un beau poivron, l'incontournable oignon doux, quelques pommes de terre, deux pommes de l'air... que nous complétons par une ration de churros bien chauds et croustillants au goût de madeleine de Proust - les longs étés passés à l'Escala sont soudain si proches !

Face à mon étonnement de voir des plantons de tomates, poivrons, etc. encore si petits, le marchand du stand nous explique que le climat est rude ici, à 1000 m d'altitude. L'habitude est ainsi de les mettre en terre mi-juin seulement...

Aujourd'hui le soleil est avec nous sur l'ancien tracé du chemin, un peu plus long que l'actuel et plus retiré, justement ce qui nous attire.

Une descente au milieu des châtaigners nous amène à l'entrée du vieux village de O Chao : une place Mao Tse-Tung surgit du milieu de nulle part! Nous aurons l'explication quelques mètres plus loin par l'un des 60 habitants actuels - il y a 20 ans ils étaient 450... Ce nom a été souhaité par un autre résident, attaché aux valeurs communistes et aujourd'hui décédé. Comme il était aussi un peu poète, une autre des rares rues du village lui a d'ailleurs été dédiée !

Un monsieur très âgé nous rejoins d'un pas lent, une fourche chargée de foin sur l'épaule, flottant dans un pantalon sans braguette, chaussé de pantoufles à moitié recouvertes de "surchaussures" en plastique. Il n'a plus d'animaux, sa femme et lui sont trop vieux pour ça, même les deux dernières poules sont passées à la casserole il y a peu car ils ne mangeaient plus assez d'œufs. La plupart des voisins ont plus de 90 ans, certains plus de 100 ans, tous les jeunes sont partis vivre en ville. Pourtant ce village regorge de belles maisons en blocs de granit et toit d'ardoise, nous y découvrons même divers greniers dignes du musée ethnographique... L'un des propriétaires nous dit le conserver amoureusement même s'il se plaint de devoir refaire le toit de chaume tous les 10 ans, de la difficulté de trouver des artisans maîtrisant cet art, du coût de 10'000 Euros sans aucune aide de l'état.

Assez papoté, nous entamons la montée où nous sommes à nouveau seuls au monde, baignés de chants d'oiseaux !

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Chant du troglodyte mignon
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Les forêts d'eucalyptus bruissent dans le vent, qui amplifie leurs effluves. Ce bois si esthétique sera utilisé pour faire de la cellulose...

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Nous croisons une maison isolée dont le toit d'ardoise est en train d'être refait, l'occasion d'apprécier le poids de chaque "tuile" - à vue de nez 15 kg - et d'imaginer la charpente nécessaire !

Au bout de cette belle crête solitaire, un lieu nous aimante: les ruines de l'hospital de Montouto où les pèlerins étaient accueillis dans les temps anciens. A côté trônent quatre dolmens, depuis longtemps les humains sont sensibles à la force de cet endroit... Nous rêvons de camper ici, mais il est encore trop tôt pour s'arrêter, nous continuons notre chemin.

La descente vers la vallée suivante, bordée de fières digitales, révèle d'autre hameaux anciens.

Providence, le premier hameau habité que nous rencontrons en fin de journée nous permet de refaire nos réserves d'eau en prévision de la nuit sous tente.

Le ciel se couvre à nouveau, la météo annonce un risque de pluie, la fatigue se fait sentir... nous choisissons de nous installer près de l'église de San Lorenzo de Delgoda, sur un confortable parvis à l'abris des regards - et tout proche du cimetière où dorment paisiblement plusieurs personnes mortes à plus de 90 ou de 100 ans. L'air de la région semble bon !