réflexion
21 juin. San Romao-Vilamor (20km/+490m/-571m).
Réveil tranquille au milieu des chants d'oiseaux dans notre joli pré, aucun animal ne s'est intéressé à nos réserves de nourriture suspendues à un arbre un peu plus loin. La tente est bien humide, l'herbe alentour aussi, mais le ciel dégagé promet qu'il sera facile de la faire sécher dès que nous aurons un terrain sec - il semble y avoir un petit bar dans le hameau voisin à 3km, peut-être y trouverons-nous en plus un petit déjeuner ?
Comme chaque fois, la taberna est tenue par des gens très accueillants, qui répondent avec une joie simple aux demandes diverses et variées des dizaines de pèlerins que nous voyons défiler ici durant les deux heures où nous prenons racine... Nous étalons tout notre attirail sur une barrière (la bâche qui protège le sol de la tente, l'intérieur de la tente, son toit...).
Nous inspectons notre matelas gonflable double de 3cm d'épaisseur, tout confort jusqu'ici, mais qui depuis hier semble se dégonfler rapidement au niveau des deux compartiments séparés qui le composent... Heureusement cette nuit l'herbe du pré était tendre!!! Nous consultons Peter qui a déjà rencontré ce type de problème avec les matelas Exped, le matériau devient poreux, surtout en cas de forte humidité... En le mettant au soleil après l'avoir gonflé, toutes valves fermées, nous voyons se former des auréoles humides à différents endroits. Le diagnostic est malheureusement confirmé, pas de réparation possible. Un peu dépités, nous réfléchissons aux solutions... exclu de renoncer à dormir sous la tente car elle nous donne proximité avec la nature, intimité, et liberté de nous arrêter quand nous le souhaitons. Nous chercherons donc des petits matelas légers en mousse à Melide, la prochaine ville, pour préserver un minimum de confort nocturne.
Nous sommes aussi en pleine hésitation sur la suite du chemin: depuis Lugo les pèlerins se multiplient car bon nombre commencent à marcher ici. Et à Melide nous rejoindrons le Camino Francès, qui draine une foule considérable - seuls 5% font le Primitivo sur lequel nous sommes! Nous croisons un couple de français qui nous montrent des photos : de grands groupes d'élèves qui font le chemin comme sortie de classe, une ribambelle de bipèdes chargés de sacs à dos... La quantité d'asphalte est une autre question: moins de confort de marche et définitivement moins de charme. L'étape d'hier comptait 14 km sur route pour 5 sur chemin, dont une partie au bord d'une route modérément fréquentée. Pour la première fois la marche nous a parfois semblée monotone et le temps un peu long. Aujourd'hui ce sera 11 pour 9. La joie de cheminer et la paix d'admirer sont pour nous la priorité. Nous étudions la suite de l'itinéraire sur l'application Buen Camino qui nous accompagne depuis le début : 42% d'asphalte, et une partie des "chemins" proche de routes nationales. Nous quitterons donc le Primitivo à Melide pour rejoindre le Camiño dos Faros, qui longe la côte et semble beaucoup plus sauvage. Nous repartons tout légers d'avoir trouvé des solutions !
Nous apprécions encore les compagnons de route de cette partie du chemin : paysage de campagne vallonnés, vieilles églises trônant au milieu du cimetière, vaches paisibles, herbes légères et eucalyptus magestueux. Une belle allée en est bordée, l'un d'entre eux bat la mesure dans le vent, sonnant l'heure du picnic dans le beau pré d'à côté.
Les hameaux se succèdent. Ici même les épouvantails sont sympathiques. Saint Jacques lui-même nous accueille pour une pausineta dans un havre de verdure.
En fin d'après-midi, nous montons vers une belle crête où chantent les éoliennes. Parenthèse vaste et sauvage avant de découvrir une nouvelle vallée. Nous apprécions !
Un bus désaffecté nous souhaite buen camino. Ici les toits ne sont plus d'ardoise mais de tuiles rouges qui nous semblent soudain très colorées !
Nous approchons du village où nous avons réservé une chambre pour la nuit. La vue superbe nous fait oublier l'asphalte... Et nous nous réjouissons de la douche chaude et de pouvoir laver nos vêtements!
